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Et si l’UDPS « réactivait » la carte Gecoco Mulumba pour « guérir » Kinshasa ?

(Tribune Rombaut KASONGO MABIA )

Visé par deux missions d’audit diligentées respectivement par le vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, ainsi que par la Présidence de la République, Daniel Bumba vit peut-être ses derniers jours à la tête de la ville de Kinshasa. Alors que la question de son départ éventuel se pose, l’UDPS, parti présidentiel qui a porté sa candidature et l’a fait élire gouverneur, est appelée à trouver en urgence un nouveau dirigeant capable d’impulser un leadership responsable pour une administration efficace de la capitale congolaise.

Selon des sources proches du ministère de l’Intérieur, Jacquemain Shabani a mobilisé l’Inspection générale de la territoriale. Celle-ci a été mandatée, en collaboration avec des experts du secrétariat général aux Finances et de la DGTC, pour examiner la gestion financière de l’Hôtel de ville. La mission vise notamment à « effectuer un contrôle approfondi de la gestion des ressources financières de la ville de Kinshasa, y compris les modalités de perception et d’affectation desdites ressources pour la période allant de 2024 à ce jour ; procéder au contrôle des procédures et de l’exécution des marchés publics ; identifier et répertorier les réalisations ; ainsi qu’évaluer le niveau d’exécution des travaux sur l’ensemble du territoire de la ville-province de Kinshasa ».

La Présidence de la République, elle aussi, veut voir clair dans la gestion du Fonds d’assainissement de Kinshasa (FONAK). Le directeur de cabinet du chef de l’État, Antony Nkinzo, a ainsi mandaté cinq membres du cabinet présidentiel pour « mener une évaluation circonstanciée des opérations du FONAK ». Au-delà de ces missions d’enquête destinées à jauger la gestion financière du gouvernement provincial, le VPM de l’Intérieur et la Présidence semblent prendre en compte les plaintes des Kinois, et plus largement des Congolais, concernant la mauvaise gouvernance de la capitale.

Les récentes inondations ont mis en lumière les failles managériales de l’équipe dirigée par Daniel Bumba. Outre l’insalubrité qui a ôté à Kinshasa l’image d’une capitale digne d’un pays dont le chef de l’État dit voir grand, nombreux sont ceux qui dénoncent l’immobilisme des autorités urbaines.

On relève notamment que Daniel Bumba reste quasi muet face aux préoccupations des habitants, et que ses apparitions publiques se limitent généralement aux visites de chantiers financés par le gouvernement central, ou aux descentes sur les lieux des inondations, sans y apporter de solutions concrètes. D’où le sentiment largement partagé que la ville de Kinshasa souffre d’un déficit criant de leadership.

Pourtant, Daniel Bumba fait partie des rares gouverneurs à avoir bénéficié d’un soutien financier substantiel du gouvernement central pour redonner une nouvelle image à l’ancienne Léopoldville. Malgré les millions de dollars mis à la disposition du gouvernement provincial, les Kinois ne voient rien changer dans leur ville, malgré le slogan de campagne « Kinshasa ezo bonga ».

Face à cette situation, plusieurs habitants estiment que pour « guérir » Kinshasa, l’UDPS pourrait « réchauffer » la carte Gérard Mulumba, alias Gecoco Mulumba, afin de poursuivre ce qu’il avait amorcé lorsqu’il était vice-gouverneur puis gouverneur ad intérim en janvier 2024. Avec des moyens limités, Gecoco Mulumba avait, en effet, réussi, en quelques semaines seulement, à transformer le rond-point Huileries, à l’intersection des communes de Kinshasa et Lingwala, en supprimant les immondices et en exécutant des travaux d’embellissement.

En si peu de temps, celui que l’on surnomme « 48 heures » avait déguerpi les vendeurs à l’origine des déchets, dégagé les ordures, supprimé le marché de fortune et même délocalisé le parking des taxis. Un jardin bien aménagé avait alors vu le jour, avec des bancs publics et, au centre, un jet d’eau. Même scénario au rond-point Gambela. Gecoco Mulumba avait démontré qu’avec un minimum de volonté, Kinshasa pouvait retrouver un visage plus digne.

Certains estiment que s’il avait bénéficié de temps pour mettre en pratique l’intégralité de sa feuille de route, la capitale aurait sûrement aujourd’hui une tout autre allure. Dans son entourage, on assure qu’il avait une vision claire, soigneusement couchée sur papier, pour le devenir de Kinshasa.

Kinois de naissance, le chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi,
selon plusieurs observateurs, devrait s’impliquer directement dans le choix du futur successeur du gouverneur actuel, si ce dernier venait à être éclaboussé par les enquêtes. L’objectif : redonner à Kinshasa le visage d’une capitale d’un pays qui vise loin et haut.

Enfin, pour confirmer son ancrage à Kinshasa, l’UDPS devrait privilégier la compétence et un véritable esprit de management comme critères principaux de sélection.

Rombaut KASONGO MABIA
Journaliste indépendant

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