L’artiste ivoirienne s’est inspirée du combat du Docteur Denis Mukwege pour dénoncer, par la peinture, les violences sexuelles faites aux femmes en temps de guerre.
Pendant la guerre, le corps des femmes devient un champ de bataille
L’artiste et militante féministe Laetitia Ky a récemment partagé une œuvre réalisée il y a deux ans, inspirée par les atrocités vécues par les femmes de la République Démocratique du Congo et surtout par le travail du Prix Nobel de la paix Denis Mukwege.
« J’ai peint cette image après avoir lu un article sur les atrocités commises au Congo et sur les actions héroïques du Dr Mukwege. Mais je ne l’avais encore jamais partagée », a-t-elle expliquée.
C’est en regardant le film « Muganga : Celui qui soigne », projeté à l’Institut Français de Côte d’Ivoire et inspiré de la vie du Dr Mukwege, que l’artiste a ressenti le besoin de publier enfin cette œuvre.
« Le film m’a profondément touchée. Il m’a rappelé cette peinture et m’a donné envie de rendre un hommage à toutes ces femmes, et à ceux qui les soignent et les soutiennent. »
Ce qui se passe dans l’Est du Congo, massacres, viol, destructions, constitue selon elle, l’un des plus grands crimes contre l’humanité. Chaque jour, plus de 1 000 femmes y sont violées, souvent dans des conditions inimaginables : avec des bâtons, des couteaux, des armes à feu, parfois sous la contrainte de leurs proches. La moitié d’entre elles ressortent contaminées par le VIH.
« Comment se reconstruire quand on a un corps déchiqueté, l’esprit brisé et la vie anéantie ? », s’est-elle interrogée.
Depuis plus de trente ans, le Dr Denis Mukwege œuvre sans relâche pour réparer les corps des femmes afin de leur redonner de l’espoir.
À ce jour, il a déjà opéré plus de 80 000 survivantes. Parallèlement, il continue d’alerter la communauté internationale sur ces crimes passés sous silence.
« C’est un héros. Un homme qui, à travers chaque geste, rend à ces femmes leur dignité, leur humanité, leur voix », a mentionné dans ses écrits, Laetitia Ky.
L’artiste a conclu son texte par une phrase aussi forte que symbolique : « Faire saigner le sexe d’une femme, c’est faire saigner l’humanité tout entière. C’est porter atteinte à l’identité de toutes les femmes du monde. »
Par cette œuvre et ce témoignage, Laetitia Ky a rappelé que l’art peut être une arme de mémoire et de résistance, un cri visuel contre la barbarie et pour la dignité des femmes.
Hornela Mumbela









