La République Démocratique du Congo traverse un conflit quasi continu depuis près de trois décennies. Cette instabilité freine le développement du pays et compromet son insertion parmi les États prospères. Dans ce contexte, de nombreuses femmes congolaises se mobilisent pour la paix, et leurs actions méritent d’être reconnues et célébrées.
C’est dans cet esprit que le Mouvement Féministe Biso Basi Telema sous la coordination d’Elsie Lotendo, avec l’appui de la MONUSCO, a organisé, du 13 et au 14 août 2025, dans la salle MONUSCO Utex-Africa de Kinshasa, une conférence-débat sur le thème : « Femme congolaise face aux défis de la paix et de la sécurité ».
L’événement s’inscrivait dans le cadre de la Journée Internationale de la Femme Africaine (JIFA) et a rassemblé des femmes leaders, des journalistes, des militantes des droits humains, des femmes rurales et des jeunes engagées, toutes déterminées à renforcer la participation féminine dans les processus de paix en RDC.
Objectifs et engagements
Selon Elsie Lotendo, l’activité visait à valoriser les mérites des femmes africaines et congolaises, en promouvant les valeurs républicaines, patriotiques et nationalistes. L’objectif principal : engager davantage les femmes congolaises dans la lutte pour la paix, en mettant en lumière celles qui se sont distinguées par leurs actions de consolidation de la paix en période de conflit.
Objectifs spécifiques
– Montrer aux femmes congolaises les réalisations d’autres femmes dans les domaines de la paix et de la sécurité ;
– Promouvoir la femme africaine dans le cadre de la lutte pour la paix et la sécurité.
La paix a toujours eu un visage féminin
À l’ouverture de la rencontre, Anesilina Carvalho, Chargée de la participation politique des femmes au sein de la Section genre de la MONUSCO, a salué le courage des Congolaises, qui, au-delà de leur rôle de victimes, sont devenues actrices de changement, médiatrices et bâtisseuses de paix, notamment dans les zones en conflit dans l’Est du pays.
Elle a rappelé le lourd tribut payé par ces femmes à travers les violences sexuelles basées sur le genre (VSBG) et insisté sur l’importance d’une participation pleine et significative des femmes, conformément à la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
« Soyons fières de notre héritage féminin africain », a-t-elle déclaré, citant Béatrice Kimpa Vita, Rebecca Masika Katsuva, Wangari Maathai et Ellen Johnson Sirleaf.
Elle a en outre lancé un appel à la mobilisation des hommes autour de la masculinité positive, essentielle pour transformer les normes patriarcales et construire un avenir juste et pacifique.
Deux journées d’échanges et de réflexion
La première journée a été marquée par la projection du film «Le village de Dahomey», présenté par Princillia , Porte-parole de Biso Basi Telema.
Le film met en lumière des femmes guerrières ayant libéré leur royaume, symbolisant le pouvoir transformateur de l’engagement féminin. Les échanges qui ont suivi, animés par les journalistes Hornela Mumbela et Orisia, ont permis aux participantes de réfléchir sur le rôle des femmes dans le changement social et politique.
La deuxième journée a été consacrée à l’analyse et au débat. L’ONU Femmes a à cet effet présenté le contexte historique des conflits en RDC, suivi d’un exposé de Julienne Lusenge sur les défis et les solutions liés à l’implication des femmes dans les processus de paix.
Des ateliers en carrefours et une exposition d’œuvres de femmes bâtisseuses de paix, ont favorisé l’échange, le réseautage et la mise en valeur des initiatives locales.
Un appel à l’action collective
Au terme de ces deux journées, les participantes ont envoyé un message fort : la paix en RDC ne sera durable que si les femmes sont au cœur des décisions et des négociations. De survivantes à actrices de changement, les femmes congolaises tracent la voie d’un avenir pacifique, juste et égalitaire.
Hornela Mumbela
