Sécurité du transport fluvial en RDC : le Grand Équateur au cœur des préoccupations
En RDC, le transport fluvial demeure un pilier économique, notamment dans les zones enclavées comme le Grand Équateur. Mais l’insécurité persistante des baleinières, particulièrement les Ibora, inquiète. À Kinshasa, un atelier a récemment réuni experts, décideurs et acteurs communautaires pour envisager des solutions urgentes.
Un mode de transport vital mais risqué
Le fleuve Congo et ses affluents sont des voies de survie pour des millions de Congolais. Pourtant, le transport fluvial en République Démocratique du Congo reste largement sous-réglementé, avec des conséquences humaines tragiques.
Dans le Grand Équateur vaste région du nord-ouest du pays les accidents de baleinières se multiplient, souvent dans l’indifférence générale. Pour répondre à cette crise, Équateur Magazine a organisé, le 30 juillet 2025 à Kinshasa, un atelier d’échanges intersectoriels sur le thème :
« Développement, entrepreneuriat rural et sécurité du transport fluvial : Cas du Grand Équateur (Ibora) ».
Dans les zones rurales et forestières, notamment dans les provinces de la Tshuapa, de la Mongala, de l’Équateur et de la Tshopo, les baleinières Ibora sont les principales embarcations utilisées pour transporter passagers et marchandises.
« Ce sont des pirogues motorisées qui, mal encadrées, deviennent des cercueils flottants », alerte Hornela Mumbela, fondatrice d’Équateur Magazine.
Un plaidoyer citoyen lancé depuis Kinshasa
L’atelier, tenu à Silikin Village (Ngaliema), a réuni une cinquantaine d’acteurs : autorités provinciales, journalistes, ONG, représentants ministériels , experts internationals et jeunes entrepreneurs.
Les débats ont mis en lumière l’urgence d’agir à trois niveaux :
- la régulation,
- la sensibilisation,
- et le développement rural inclusif.
Interventions marquantes
Joslin Lengisa, président d’UNAJAC Congo, a souligné le lien entre enclavement et pauvreté :
« Tant que le fleuve ne sera pas sécurisé, les marchés resteront inaccessibles, et l’entrepreneuriat rural restera bloqué. »
Il faut créer un cadre de concertation permanent entre les acteurs locaux.
Afy Malungu, communicatrice environnementale et Manager Afrique au Centre Pulitzer, a mis l’accent sur l’importance de la narration et des médias :
« Il faut raconter autrement le Grand Équateur, montrer qu’il regorge de talents et de ressources à protéger. »
Jody Nkashama, journaliste à Radio Okapi, a animé les discussions en donnant la parole à des porteurs de projets innovants venus des provinces.
Recommandations et plan d’action
Les participants ont formulé plusieurs recommandations concrètes :
- Adoption d’une réglementation claire du transport fluvial
- Campagnes de sensibilisation dans les zones riveraines
- Appui à la formation des conducteurs de baleinières
- Soutien aux initiatives économiques portées par les femmes et les jeunes
- Création d’un réseau de veille citoyenne pour suivre l’évolution du secteur
Vers une transformation structurelle
Ce plaidoyer lancé depuis la capitale se veut un signal fort aux autorités nationales. La sécurité fluviale ne doit plus être reléguée au second plan. Elle est un prérequis au développement, à la mobilité et à la cohésion sociale.
« Sécuriser le fleuve, c’est sauver des vies. Mais c’est aussi ouvrir la voie au commerce, à l’éducation, à la santé et à l’espoir », a conclu Hornela Mumbela.