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RDC – Les mamans commerçantes de Kinshasa : piliers de l’économie informelle et modèles de résilience

À Kinshasa, les femmes commerçantes jouent un rôle central dans l’approvisionnement alimentaire et le dynamisme de l’économie locale. Cet article met en lumière leurs stratégies de survie au quotidien, les obstacles qu’elles affrontent, tout en soulignant l’importance de leur autonomisation économique.

Dès l’aube, les marchés de la capitale s’animent grâce aux mamans commerçantes. Ces femmes battantes qui étalent toutes sortes de  variété de produits : légumes, poissons, viandes, fruits, épices, articles de luxe, d’habillement, cosmétiques, transfert d’argent, crédit téléphonique ou encore tissus multicolores.

Leurs activités économiques soutiennent la survie de nombreuses familles et constituent un pilier de l’économie informelle congolaise.

Des parcours inspirants au cœur du marché de Bumbu-Selembao

Au marché de Bumbu-Selembao, situé le long de l’avenue de la Libération (ex-24 novembre), Équateur Magazine a rencontré plusieurs commerçantes d’épices et de produits vivriers frais.

Malgré leurs moyens limités, elles parviennent à nourrir leurs familles, à financer l’éducation de leurs enfants et à subvenir aux besoins essentiels de leurs foyers.

Leur journée débute avant le lever du soleil et se termine tard dans la soirée. Nous avons exploré leurs pratiques commerciales, les liens de solidarité qui les unissent, ainsi que les nombreuses difficultés qu’elles rencontrent.

Ursule Luzolo, 37 ans, vendeuse des haricots au marché de Bumbu-Selembao, témoigne :
« Je me lève à 4 heures du matin pour acheter un sac de haricots au marché Zigida à Kinshasa. Je le revends en détail avec une petite marge. J’anime ma vente par des chansons pour attirer plus de clients. Je propose des prix plus bas que les autres pour écouler rapidement mes marchandises et gagner de quoi faire vivre ma famille. »

Elle ajoute :« Je fais ce commerce depuis mes 20 ans. C’est un bon travail, mais il demande beaucoup de technicité. Malheureusement, l’instabilité du taux de change, les frais de transport et les taxes imposées par l’État compliquent de plus en plus mon activité commerciale. »

Une demande d’appui pour un commerce plus viable

Ces commerçantes appellent les autorités à stabiliser le taux de change et à réguler les coûts de transport en commun, afin de favoriser l’essor de leurs activités économiques.

Huguette Pamba, 50 ans, vend des épices depuis l’âge de 35 ans. Elle explique :
« J’achète mes épices au marché Zigida en tenant compte de tous les frais, y compris le transport. Je vends des produits de qualité à des clients spécifiques, souvent à des prix élevés. Mais parfois, mes voisines baissent les prix pour vendre plus vite. Je suis alors obligée de les imiter, même si cela me fait perdre de l’argent. »

Une solidarité féminine forte

Malgré les difficultés, ces femmes témoignent d’un profond attachement à leur métier. Beaucoup d’entre elles ont grandi dans ce commerce et continuent aujourd’hui à en vivre. Leur force réside aussi dans la solidarité.  Elles se soutiennent mutuellement, empruntent entre elles en cas de besoin, et forment une véritable communauté soudée.

Au-delà de la simple vente, les femmes commerçantes de Kinshasa font preuve de créativité, d’endurance et d’innovation. Elles évoluent dans un environnement économique marqué par la hausse constante des prix, une fiscalité parfois abusive, et une absence de politique ciblée à leur égard.

Raïssa, vendeuse de poissons déplore :
« Les politiques économiques ne tiennent pas toujours compte de notre réalité quotidienne. »

Vers une reconnaissance réelle de leur rôle

Ces témoignages montrent que les femmes commerçantes sont des actrices essentielles de la vie économique à Kinshasa. Leur engagement mérite bien plus qu’un simple hommage symbolique. Voilà l’occasion de lancer un appel à un soutien concret pour leur permettre de prospérer dans un environnement plus juste et durable,

Le marché de Selembao, rappelons-le, longe l’avenue de la Libération (ex-24 novembre) et s’étend jusqu’à la place des Évolués.

  Christienne Illua

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