Kinshasa, 26 juin 2025 Dans les salons feutrés du Pullman Grand Hôtel, ils sont venus nombreux : jeunes créateurs, artisans chevronnés, décideurs politiques, curieux et amoureux du « fait-main » congolais. Pour la cinquième fois, l’École des Métiers d’Arts pose ses valises à Kinshasa, bien décidée à redonner ses lettres de noblesse à un secteur encore trop souvent relégué au second plan.

Ici, les étals d’étoffes colorées côtoient les sculptures en bois et les bijoux façonnés à la main. L’air sent le cuir, les pigments, le talent brut. Une exposition vivante où chaque œuvre raconte un bout de RDC, entre modernité et traditions ancestrales.

« La RDC ne manque de rien », martèle Marie-France Mumba, cheffe d’orchestre de cette édition. « Notre défi, c’est de valoriser, protéger et transmettre ce savoir-faire d’excellence qui fait la fierté de nos communautés. » Autour d’elle, les jeunes artisans acquiescent. Beaucoup espèrent que cette vitrine leur ouvrira de nouvelles opportunités : réseaux, formations, débouchés commerciaux.

Une professionnalisation en marche

Dans la salle de conférence, le discours du gouvernement se veut rassurant. Représentant le ministre de la Formation Professionnelle, Odon Saidi insiste : « La professionnalisation des métiers de l’art passe inévitablement par la création de corporations. C’est le socle d’une économie socioculturelle durable. » Un engagement que beaucoup espèrent voir se concrétiser dans les mois à venir.

Pour Hapsatou Doro, fondatrice de l’École des Métiers d’Arts, ce combat dépasse les frontières : « Le savoir-faire et les récits africains peuvent façonner de nouveaux équilibres économiques et symboliques. Encore faut-il que toute l’Afrique joue collectif pour imposer un “made in Africa” fort et respecté. »

• Des tables rondes pour des solutions concrètes

Au-delà des discours, l’événement se veut pratique : des tables rondes stratégiques réunissent artisans, décideurs et partenaires pour réfléchir à des pistes concrètes. Formation, protection des œuvres, circuits de commercialisation… Tout est passé au crible pour que l’artisanat congolais devienne enfin un secteur structuré, rentable et reconnu.

Un secteur en quête de reconnaissance

Dans les allées de l’exposition, Ruth, jeune créatrice de bijoux, résume l’espoir de toute une génération : « On veut vivre de notre art, pas seulement survivre. Si nos gouvernants nous écoutent, l’artisanat peut devenir un vrai6 moteur de développement pour nos communautés. »Au crépuscule, les stands se démontent, mais la conviction, elle, reste intacte : du cœur de Kinshasa, un souffle nouveau s’élève. Celui d’un artisanat congolais fier de ses racines, tourné vers l’avenir.